L'Université de California, Sunnydale, rachetée par le groupe Lorentis

RACHAT DE L'UNIVERSITE DE SUNNYDALE PAR LE GROUPE LORENTIS

a nouvelle est tombée ce matin sous la forme d’un communiqué de presse d’une page, publié discrètement sur le site officiel de la mairie de Sunnydale. L’Université de Californie, Sunnydale ou UC☼D pour les intimes, véritable fleuron de l’enseignement et de la recherche pour notre État, fait l’objet d’un rachat par le groupe Lorentis, propriété de la famille du même nom. Jusque-là, aucune annonce de la mise sur le marché de ce campus prestigieux n’avait été rendue publique, ce qui rend cette décision d’autant plus surprenante et inattendue qu’elle intervient un mois avant la grande rentrée de Septembre 2023.

Originaire de Los Angeles, la très fortunée famille Lorentis est bien connue des habitants de Sunnydale. C’est bien souvent le nom qui apparaît sur le récapitulatif bancaire des locataires, dans la catégorie “Loyer”. Le grand groupe immobilier peut se vanter de posséder la quasi-totalité des parcelles du quartier Sunset Ridge, par ailleurs un des plus densément peuplés de la ville. Avec ses 154 hectares, l’Université de Sunnydale est une addition rondelette à un palmarès déjà coquet…

Comme raison de cette décision que beaucoup discutent déjà, Monsieur le Maire Wilkins cite des équipements électroniques vieillissants, un fond documentaire soi-disant daté et un peu de peinture écaillée sur les murs de Stevenson et Fischer Hall. “Rien qu’une campagne bien ficelée et ambitieuse de financements de la part de l’État n’aurait pu régler”, soupire un professeur émérite quelque peu circonspect en apprenant la nouvelle, mais surtout particulièrement inquiet des changements annoncés par le groupe.
En effet, les représentants de la firme Lorentis ont communiqué un rapport d’une surprenante (d’aucun dirait rafraîchissante) et brutale honnêteté. Ils ont indiqué être d’ores et déjà en train de conduire une revue détaillée des performances de l’Université sur les deux dernières décennies, et ce afin d’établir des statistiques sur, entre autres, le nombre de diplômes obtenus et la qualité des notes des élèves par an et par cursus. L’objectif est clair et limpide : évaluer l’ensemble du corps professoral qui, je cite, “doit justifier collectivement et individuellement d’un seuil minimum de réussite pour prétendre à une reconduction de leur contrat d’enseignement et de recherche pour l’année scolaire 2023-2024”. Une vaste campagne de recrutement à l’échelle nationale doit venir re-remplir les postes nouvellement non pourvus, car leurs occupants auront été remerciés.
Autre annonce de taille : l’augmentation drastique des frais de scolarité, qui sans atteindre l’échelle de Crestwood, relèvent désormais d’une nouvelle grille de calcul à la discrétion des nouveaux propriétaires. Si le montant des bourses ne bouge pas, les conditions d’admission et de maintien dans leurs programmes déjà sélectifs ont de quoi inquiéter les lycéens et les parents. Les élèves boursiers doivent justifier de résultats au-delà de l’excellence, à 90% minimum de la note pouvant être obtenue à un examen. Pour les athlètes de toutes les disciplines, le seuil est fixé à 95%.

A l’Université de Sunnydale, on s’apprête donc à jouer aux chaises musicales. Licenciements, retraits de bourse et réévaluations à gogo, l’attention est dorénavant fixée sur la réussite et l’excellence, rien que l’excellence. Mais à quel prix ? Pour obtenir 90% de la note à chaque examen, il faut pouvoir se concentrer uniquement sur ses études et rien que ses études. Mais combien d’étudiants aujourd’hui travaillent en parallèle pour ne serait-ce que manger ?
Le groupe Lorentis vient-il d’abolir le droit à l’erreur et le droit à la pauvreté ? Cherche-t-il à imposer le règne déshumanisé du chiffre et de la performance ? “Une université est aussi un lieu de recherche et pas seulement de savoir et de connaissances, mais de soi aussi”, me confie une élève très remontée.

L’heure est à la vigilance et la prudence, pour l’avenir des enfants de Sunnydale.